Les œuvres de quatre artistes, peintres, sculpteur, dessinateur, se partagent l’espace de la galerie, instaurant un dialogue à la fois inattendu et audacieux, autour du corps, de la femme, de la beauté esthétique, voire du portrait, parfois de l’atelier, au gré des événements, des rencontres et des parcours à travers le monde ayant jalonné les existences de chacun des artistes. Une approche exacerbant les contraires, les matières et les lumières, séduisante, séductrice, provocante par certains aspects.
Les « corps de bronze » de Martine Chappuis, aux formes élancées, libres, originales et dynamiques se nourrissent précisément des cultures et des civilisations qui ont croisé son regard, dans des lieux aussi divers que le Guatemala, l’Argentine, l’Afrique du sud, New York, Israël, la Côte d’Ivoire où l’artiste a séjourné. La beauté des corps, la puissance des têtes animales, dans leur noblesse noire et brillante, inspirées par l’Afrique, la richesse des patines, tantôt dorées, brunes, noires ou vertes, le jeu subtil d’ombres et de lumières modelant la surface, suscitant le toucher, sont autant d’œuvres fortes et habitées.
Au fil des œuvres sur papier, récemment dévoilées par Pierre Oulevay, des huiles aux glacis onctueux invitent le regard à cheminer et à se perdre dans des espaces de brume et de douceur, de transparences lumineuses et de contrastes justement ressentis, dont l’artiste a le secret. Autour de formes féminines, c’est un univers de poésie qui se conte, en vers, en prose, en sonnets, en alexandrins peut-être, où traces incisives et accents furtifs traduisent la main du sculpteur. Stances de lumières et magie des tons fondus se plaisent en contraires, au gré du peintre inlassablement immergé dans ses matières.
Les dessins de Charles de Montaigu - un artiste connu avant tout comme sculpteur, graveur et peintre -, sont des nus magistralement esquissés à la mine de plomb sur de grandes feuilles de papier. Très épurés, croqués avec quelques traits essentiels, ils révèlent, dans leur expression, la force dynamique du sculpteur, son observation, sa perception du modèle dont il se détache ensuite pour dessiner de mémoire. Les tracés affirmés et sûrs jaillissent sous le crayon avec véhémence et audace, parfois très sobres, parfois avec une multiplication de traits, soulignant résolument quelques lignes maîtresses, en ignorant d’autres. L’œil du spectateur a ainsi la liberté d’imaginer l’intégralité d’un corps, d’un sein, d’une jambe, d’un sexe, à chaque fois différents, selon l’émotion ressentie et l’effet provoqué sur le regard.
Les œuvres sur papier de Stephan Boffejon, touchants autoportraits visités et revisités par l’artiste comme une sorte d’exutoire, se résument à quelques lignes essentielles et aplats de couleurs, relatant la souffrance du peintre malmené par l’existence, qu’il exprime aussi à travers la sculpture. De magnifiques huiles sur le thème de l’atelier nous plongent dans l’univers de l’artiste, pour qui peindre est une lutte quotidienne où tout est incessant recommencement. Il s’investit corps et âme dans son travail, recherchant la vérité au fond de lui-même et dans ce qui l’entoure, donnant vie, lumière et corps aux objets qui constituent l’enjeu de son quotidien.
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