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   Charles de Montaigu
Charles de Montaigu se plaît à surprendre.
Après les nus, la fleur peinte ou dessinée,
moulée et coulée dans le bronze ou l’élégant
tourbillon des Sévillanes, c’est la feuille de
bananier qui requiert l’artiste,
prioritairement sculpteur, privilégiant ici
l’aspect graphique de son art.

C’est dans un jardin andalou de Martagina qu’il
découvre la feuille de bananier. Pendant des
mois, elle au faîte de ses préoccupations. Au
crayon, puis à l’encre de Chine, brossée avec
un pinceau large, parfois rehaussée de craies
colorées et déclinée sur plus de trois cents
feuilles, c’est dire si cette source
d’inspiration sollicite l’imaginaire de
l’artiste. S’étalant nonchalamment sur le
papier, la feuille de bananier prend peu à peu
ses aises pour carrément occuper la presque
totalité de l’espace du support et s’inscrit,
comme le pressent l’artiste, comme un lien
entre et le ciel et la terre.

D’un point de vue symbolique, de nombreuses
croyances gravitent autour du bananier. Parmi
elles, au cœur de la vision hindoue, le
bananier est la plante du paradis perdu. Pour
Bouddha, il est le symbole de la vanité, des
biens, de la fragilité et de l’instabilité des
choses, sa partie aérienne disparaissant après
avoir fructifié.
Bercée par les vents océaniques, les aléas
climatiques, le déferlement du temps, la
feuille de bananier comme toute plante
bourgeonne, se développe, se renouvelle,
s’inscrit dans le cycle universel et l’ordre
des choses, avec sa part de rêve, d’évasion, de
poésie, que la main de l’artiste traduit avec
un indéniable talent et savoir-faire.

A l’opposé, un autre pan de l’exposition,
constitué de grandes toiles à l’huile, apporte
une bouffée de couleurs exubérantes, une
invitation à explorer un monde à la fois de
rigueur, de matière et de lumière. Sous forme
d’une bataille rangée des couleurs, un dédale
de polygones aux arêtes tranchées couvre les
toiles. Les figures géométriques tantôt se
chevauchent, s’harmonisent, s’enfuient,
s’excluent, s’exaltent, aux limites d’un
équilibre parfois proche de la rupture.
Poésie de l’instant, nostalgie de lieux
imaginaires ou visités, les œuvres de Charles
de Montaigu traversent le temps. Fruit d’un
travail de longue haleine, de haltes, de
soupirs, parfois d’années d’intervalle, en
suivant les méandres existentiels de l’artiste,
elles gardent leur constante fraîcheur
incisive. Ainsi l’œuvre au fil du temps n’est
ni tout à fait la même, ni tout à fait une
autre. De manière imprévisible, elle vit au
présent de l’artiste. La plupart des œuvres
exposées sont à découvrir dans un magnifique
Flatorello accompagnant l’exposition, avec une
édition de tête.

Charles de Montaigu vit et travaille à Laconnex
près de Genève. Depuis 1973, il expose
régulièrement en Suisse, en Europe et aux
Etats-Unis. Lauréat de la Bourse fédérale des
Beaux-Arts (1983). Prix de la Fondation pour
les Arts graphiques en Suisse (1994).
Acquisition et installation d’Athys III
(sculpture en bois d’Iroko) dans le parc du
Chicago Athenaeum at Schaumburg, Art under the
Stars, Museum of Architecture and Design,
Chicago. Ses œuvres figurent dans de nombreuses
collections publiques et privées
internationales.

Flatorello disponible à la galerie : Frs. 40.-
; édition de tête : Frs 200.- avec un dessin
original de l’artiste
En couverture : Bleu soleil, 1995-2005, huile
sur toile, 130 x 97 cm ; Feuille de bananier,
juillet 2019, technique mixte, encre de Chine,
Néocolor sur carton Bütten-Ingres, 64 x 48 cm
Crédit photographique : Genoud entreprise
d’arts graphiques SA.

Dr.Danielle Junod-Sugnaux


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  Charles de Montaigu